La Gentillesse comme stratégie sociale

La gentillesse est une vertu postmoderne. Elle a une histoire lexicale ; elle implique désormais une philosophie et elle peut jouer un rôle-clé en entreprise.

L’histoire du mot « gentillesse »

Le mot gentil a trois racines lexicales : une romaine, une chrétienne et une médiévale

La racine latine. Gentilis signifie en latin « noble » ou « bien-né », sens qu’on retrouve dans ingenuus.
La racine chrétienne. Le chrétien cherche un terme pour désigner celui qui ne croit pas en Jésus. Il s’empare du mot latin gentilis pour désigner « l’impie ».
La racine médiévale. Au XIe siècle, le noble se retourne vers Rome pour s’autoproclamer Gentil Hoem. A l’église, l’ambiguïté lexicale règne : d’un côté le gentil hoem incarne sa noblesse, de l’autre le prête dénonce les gentils ! Cherchez l’erreur! A la renaissance, le noble se dit « gentilhomme ». A la Révolution Française, le gentilhomme perd son titre et l’aristocrate devient un « ci-devant citoyens ».

Philosophie de la gentillesse

Les trois formes d’empathie sont : la sollicitude, le respect et la gentillesse. Le respect est cette empathie froide fondée sur des règles et des normes. La sollicitude est cette empathie brûlante conduisant à rendre service à quelqu’un qui ne l’a pas demandé. La gentillesse est cette empathie chaude par laquelle je réponds à une demande.
La gentillesse est une intelligence émotionnelle. Au lieu d’opposer l’intelligence à l’émotion, voyons dans leur union une force que notre société sous-estime. La gentillesse est de cet ordre : elle résout par l’émotion un problème que le bénéficiaire apprécie.
La gentillesse est une morale impressionniste. A la différence des morales impressionnantes qui fonctionnent sur la base de devoirs, la gentillesse est une morale impressionniste qui se fonde sur de petits gestes.
La gentillesse est une vertu systémique. A l’opposé d’une conception morale systématique qui impose que nous agissions du matin au soir conformément à des règles, la gentillesse est une vertu systémique dont nous ne pouvons deviner les effets qui peuvent toutefois s’affirmer fructueux. Si un vol de papillon au Guatemala peut modifier les cours de la bourse de New York, il y faut s’attendre aux bonnes conséquences d’un geste gentil ! Just do it !

La gentillesse en entreprise

L’entrepreneur comme nouveau gentilhomme. Le chef d’entreprise n’a pas seulement un but économique. Il a aussi un but politique dès qu’il a compris que son entreprise est une matrice de sociabilité.
Le manager comme nouveau gentleman. Le manager a donc un rôle important consistant à développer des relations empathiques entre les salariés qui sont sous sa responsabilité.
L’entreprise comme Gentilhommière. Le lieu de travail n’est pas clos et offshore. Il est poreux avec le reste de la vie sociale. L’entreprise doit accueillir la bonne humeur pour deux raisons : d’abord comprendre qu’elle est fructueuse pour elle-même (et son chiffre d’affaire !) et, ensuite, mieux la diffuser, à travers les salariés, à l’extérieur de l’entreprise. A Gentle place to work : telle doit être l’ambition d’une gentilhommière.